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Pierre Dupont, chantre du peuple
Conférence du 1er octobre 2011

 

Jean Butin
Gérard Truchet et Jean Butin.

Conférencier : Jean Butin

Compte-rendu extrait du Bulletin n° 254 de novembre 2011

Caricature Pierre Dupont
Caricature de Pierre Dupont
réalisée par Et. Carjat en 1857.

Buste Pierre Dupont
Buste de Pierre Dupont
sur sa tombe au cimetière de la Croix-Rousse.

Pour beaucoup de lyonnais, Pierre Dupont n'évoque au mieux qu'une rue à la Croix-Rousse. Pour nous tous qui avons écouté Jean Butin ce samedi, ce nom évoque maintenant un homme passionné, qui a marqué son époque par sa poésie, ses chansons et ses engagements politiques.

Né à Lyon en 1821, il passe sa jeunesse sur les bords de Saône, chez son oncle, curé de Rochetaillée. Après des études au petit séminaire, il travaille dans un atelier de canuts, puis comme clerc chez un notaire et enfin comme caissier dans une banque. C'est à cette époque qu'il commence à composer des vers, stimulé par sa vie amoureuse.
Grand admirateur de Rachel, qui triomphe au Grand Théâtre, il lui consacre un poème, ce qui lui vaut d'être invité à Paris chez la comédienne. Sa rencontre avec un académicien lui ouvre des portes : il obtient un poste de secrétaire au dictionnaire de l'Académie Française, ce qui lui laisse du temps pour écrire des vers. Admis au caveau de la chanson, il fréquente alors Victor Hugo, Théophile Gautier, Baudelaire et Charles Gounod qui l'encourage sur la voie de la musique, lui qui chante ses vers au lieu de les déclamer.
Sa poésie pleine d'émotion pour le monde paysan (les bœufs, les louis d'or, la chanson des blés…) ou celui des ouvriers, dont il chante la révolte (le chant des ouvriers, la fille du peuple…) correspond à un genre nouveau, le réalisme, qui enthousiasme le petit peuple, las des romances et des fadaises. Il chante aussi bien dans les brasseries que dans les salons parisiens.
Mais bientôt, sa notoriété et ses opinions marquées (c'est un républicain convaincu), le font condamner à 7 ans de déportation en Algérie en 1851. Rapidement libéré grâce à l'intervention de Georges Sand et Théophile Gautier, il doit signer un acte de soumission et renoncer à toute activité politique.
Sa poésie se tourne alors vers les corps de métier (la chanson de la soie, les carriers…) mais il ne plaît plus aux milieux populaires qui lui tournent le dos. Il quitte alors Paris pour retrouver ses racines, Lyon et les bords de Saône qui lui inspirent des vers sur la nature (le chêne, le sapin…).
A la mort de sa femme, il noie son chagrin dans l'absinthe. On le trouve dans les cafés chantants de Vaise et des Célestins mais il perd peu à peu sa voix, brûlée par l'alcool et va à la dérive, jusqu'à sa mort, presqu'oublié, dans sa petite maison du 46 rue Pierre Dupont le 24 juillet 1870 à 49 ans.

De nos jours, Pierre Dupont reste méconnu de beaucoup de nos contemporains malgré les statues, les bustes et les plaques qui rappellent, ici et là, son existence. Édouard Herriot regrettait qu'on ne lui ait pas donné la place qu'il méritait…
Eh bien, Jean Butin, ce samedi, a su ressusciter pour nous ce grand poète, cet homme généreux.
L'interprétation vibrante de plusieurs chansons par Gérard Truchet et les diapositives de J.P.Tabey et de J.Castelbou ont fait de cette conférence un grand moment culturel.
Merci à eux.

Christine Bonjour

 


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