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Conférencier : Gérard Corneloup Compte-rendu extrait du Bulletin n° 253 de juillet 2011 |
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Mais quel personnage représente donc ce tout petit buste sur cet immense piédestal dans ce coin perdu du Parc de la Tête d'Or ? Eh bien, c'est le sénateur Vaïsse, si peu honoré par les Lyonnais, qu'aucune rue ne porte plus son nom aujourd'hui. Pourtant, c'est lui qui a transformé Lyon au XIXe siècle et en a fait une ville moderne, cossue et sécurisée. On le surnomme le Haussmann lyonnais.
Né à Marseille en 1799, Claude Marius Vaïsse après des études de droit et plusieurs postes importants dans l'administration, arrive en Mars 1853 à Lyon en tant que maire et préfet. Il y restera jusqu'à sa mort subite le 29 Août 1864. Avec les architectes René Dardel d'abord, puis Tony Dujardin ensuite, il mène une politique d'urbanisme qui fera table rase d'un centre ville composé jusque là de rues tordues, étroites et insalubres, où il était malcommode de circuler.
Dès 1854 il cautionne la création de la société de la rue Impériale. Celle-ci va gérer l'opération immobilière en expropriant, démolissant, reconstruisant et décorant.
En accord avec le gouverneur militaire, le Maréchal de Castellane, il fait percer la rue Impériale (notre rue de la République), assez large pour permettre des charges de cavalerie en cas d'insurrection, parallèle à la rue Centrale (notre rue de Brest) et la rue de l'Impératrice (notre rue Edouard Herriot) pour relier les Terreaux et l'Hôtel de Ville à Bellecour.
Dans la foulée les premiers grands magasins font leur apparition : A la Ville de Lyon (le Grand Bazar) en 1856 et Aux Deux Passages (Le Printemps) en 1857. La même année, René Dardel édifie Le Palais du Commerce pour réunir la Chambre de Commerce et d'Industrie, le Tribunal de Commerce et la bourse.
Côté rive gauche, après les inondations catastrophiques de 1856, les Brotteaux, jusque là grands domaines marécageux, se développent. On aménage le parc de la Tête d'Or, bordé par la nouvelle ligne de chemin de fer, le camp de manœuvre du Grand Camp et une série de forts. On y creuse un lac, on y transfère le jardin botanique, on y introduit les premiers pensionnaires du zoo et on plante de nombreuses essences d'arbres.
Dans le même temps on aménage la place Confort, qui devient place des Jacobins en référence au couvent qui longea la place pendant plusieurs siècles, on restaure l'Hôtel de Ville, ses salons, l'appartement du préfet, on établit le Boulevard de la Croix Rousse à l'emplacement des anciens remparts, on construit la mairie du 4e arrondissement et l'hôpital, on déplace l'hippodrome de Perrache au Grand Camp, on crée la gare de Perrache, la première gare des Brotteaux tout en bois, la gare de Vaise, on aménage la place Bellecour avec ses deux pavillons, la place Carnot et la place Morand (notre place Maréchal Lyautey), on crée aussi le quartier militaire de la Part-Dieu, la prison Saint Paul, un grand marché couvert aux Cordeliers en complément de celui de la Martinière, on rehausse les quais, on construit un pont, on perce de nouvelles rues…
Malgré tout le travail accompli, c'est un souvenir mitigé qui reste de cette période. Pourtant 150 ans plustard, notre ville actuelle est bien le Lyon monumental que l'on doit à Claude-Marius Vaïsse.
Merci à Gérard Corneloup, historien de talent, qui a su nous exposer de façon riche et plaisante la vie et l'œuvre de Claude-Marius Vaïsse, en illustrant son propos de nombreuses anecdotes, ce qui nous a permis de passer un excellent moment tout en nous cultivant.
Christine Bonjour