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Conférencier : Louis David Compte-rendu extrait du Bulletin n° 252 de mars 2011 |
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En ce
samedi 22 janvier 2011, il fait très froid et un vent glacial balaie notre
ville, pourtant la salle de la Ficelle s'est vite remplie de tout un cuchon de
monde pour écouter notre brillant conférencier sur un sujet passionnant, le
Musée Guimet. Il en fut le directeur pendant trente cinq années de 1964 à 1999,
alors pensez donc s'il en connaît tous les recoins.
Un peu d'histoire tout
d'abord comme de bien s'accorde. Au XVIIe
siècle Pierre de Monconys a deux fils, Gaspard et Baltasar. Ce dernier fait des
voyages dont il ramène beaucoup d'objets et de nombreuses notes, au point de
construire un cabinet de curiosités. En 1870, Jérôme-Jean Pestalozzi, médecin à
l'Hôtel-Dieu, acquiert ce cabinet qu'il continue d'enrichir avec l'aide de son
fils, avant de le céder à la Ville. Les collections et la bibliothèque seront
ouvertes au public en 1777 à l'hôtel de ville, avant d'être déménagées au
couvent des Dames de Saint-Pierre en 1789.
En 1830, le maire
Gabriel Prunelle relance le musée faisant oublier les péripéties dues à la
Révolution. Claude Jourdan en est le directeur de 1832 à 1869, puis Louis Lortet
de 1870 à 1909.
LE BLEU.
Jean-Baptiste Guimet est né le 20
juillet 1795 à Voiron. Dès l'âge de 10 ans il est envoyé en pension à Paris. Au
terme de ses études secondaires il est reçu à Polytechnique, d'où il sort en
1817 pour entrer au Service des Poudres et Salpêtres.
Le 22 novembre 1826 la
Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale propose un prix de 6.000
Francs pour la fabrication d'un outremer artificiel, ayant les mêmes qualités
que celui tiré du lapis-lazuli. Poussé par sa femme (Rosalie Bidaud qu'il a
épousée en 1825), il s'attaque au problème et 15 mois plus tard il remporte le
prix pour cette découverte étonnante.
Jean-Baptiste Guimet
quitte l'administration en 1834 pour créer une usine à Fleurieu-sur-Saône ; le
« bleu Guimet » part alors à la conquête du monde.
Son fils Emile prend
sa suite, tout en étant un grand voyageur, ce qui lui fait parcourir l'Egypte,
le Japon, la Chine et l'Inde. De ses voyages il ramène des milliers d'objets, ce
qui lui donne l'idée de proposer au Ministre de l'époque d'établir à Lyon un
musée comportant un musée religieux, une bibliothèque et une école pour que les
jeunes orientaux viennent apprendre le français.
Le 26 février 1878 il
achète un terrain aux Hospices Civils de Lyon et confie à un architecte
lyonnais, Jules Chartron, la construction du musée qui est inauguré en septembre
1879. Cependant un tiers seulement de ce qui était prévu a été construit car
Guimet arrête les travaux, s'étant aperçu que les Savants et les Erudits ne
venaient pas à Lyon, mais se rendaient à Paris. Il offre alors le transfert du
musée à Paris, ce qui est ratifié par une loi du 7 août 1885. C'est ainsi que le
« Musée national des arts asiatiques - Guimet », est inauguré en 1889 dans la
capitale.
LA GLACE.
Après sa migration vers Paris,
Guimet cherche à se débarrasser du musée du boulevard du Nord à Lyon. Ne
trouvant pas d'acquéreur, il le loue en novembre 1887 à MM Rambaud, Gaillaud et
Guy, selon un bail de 15 ans. En 1899, Rambaud crée la Société Frigorifique de
Lyon, héritière du bail, qui aménage le bâtiment et rajoute des constructions
pour pouvoir fabriquer de la glace de consommation, exploiter un café-restaurant
et une salle de patinage.
En 1909, la Société
Frigorifique dépose le bilan. La ville de Lyon rachète les créances et affecte
en 1911 les locaux à la réinstallation par Emile Guimet d'un musée semblable à
l'ancien et à l'installation du Museum. Le 14 juin 1914 Edouard Herriot inaugure
les deux musées. La fin des travaux et des aménagements intérieurs est réalisée
en 1922, après déménagement des milliers de caisses et objets entassés dans les
dépendances du Palais Saint-Pierre. Claude Gaillard est chargé de la gestion du
double musée (Histoire naturelle et Guimet), avec la création de la grande salle
et l'ouverture successive de l'ethnographie, la paléontologie, la préhistoire,
la faune régionale, et l'anatomie comparée, les trois salles « Guimet » étant
dédiées respectivement à l'Egypte, la Chine et le Japon.
LE MAMMOUTH (dit de Choulans).
En 1859, en creusant des fondations rue des Trois-Artichauts, est découvert un squelette complet d'un grand mammouth (3,75 mètres au garrot) qui, faute de place, est entreposé au Palais Saint-Pierre, avant d'être remonté et installé au musée en 1872. Il subit ensuite 3 démontages-remontages en 1913, 1939 et 1955, pour être actuellement de nouveau en pièces détachées, en attendant un nouveau lieu d'accueil.
La conférence s'est terminée par une très intéressante promenade iconographique à travers le musée Guimet, avant les traditionnelles brioches des Rois.
Guy Valarcher