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Guignol, une marionnette pas comme les autres
Conférence du 16 février 2008

 

Jean-Paul Tabey, Gérard Truchet
Jean-Paul Tabey, Mme Mercier
et Gérard Truchet.

Conférenciers : Gérard Truchet et Jean-Paul Tabey

Compte-rendu extrait du Bulletin n° 244 de juillet 2008

Guignol
Guignol de Laurent Mourguet
(Musée de Gadagne).

Pierre Rousset
Pierre Rousset.

Pierre Neichthauser
Pierre Neichthauser.

Ernest Neichthauser
Ernest Neichthauser en 1967.

Jean-Guy Mourguet
Jean-Guy Mourguet.

Ce jour là, c'est Gnafron lui-même derrière le castelet, qui présente à un auditoire venu en nombre, le sujet de la conférence de ce samedi, à savoir Guignol, son ami, son partenaire, dont la création remonte à 200 ans et dont l'anniversaire va être célébré durant toute l'année 2008 au travers de manifestations diverses préparées, entre autres, par les Amis de Lyon et de Guignol.

Gérard Truchet, notre président et conférencier du jour, nous expliquera avec sa verve habituelle, comment cette simple tête de bois destinée à distraire le peuple dans les foires, a pu traverser les turbulences de l'histoire de notre pays sans prendre une ride, aidé en cela par Jean-Paul Tabey, notre archiviste, qui illustrera cette vie de Laurent Mourguet de documents judicieusement choisis.

Pour comprendre l'histoire de Guignol, il faut remonter le temps jusqu'au 15e siècle, époque où Lyon, déjà centre d'échanges de marchandises diverses, voit son importance économique décuplée en devenant peu à peu le grand centre de tissage de la soie.

C'est dans ce contexte économique que naît en 1769 Laurent Mourguet, dont le père est maître et marchand fabricant. Il suit donc ses traces et épouse Jeanne Esterle qui travaille également la soie. Malheureusement les événements de 1789 le poussent pour nourrir sa famille à abandonner son métier pour devenir marchand forain puis arracheur de dents. Pour attirer la clientèle, il dispose d'un petit castelet à côté de son fauteuil et improvise pour Polichinelle des pièces inspirées du quotidien. Le succès est tel, qu'il engage Lambert Grégoire Thomas Ladre, dit le Père Thomas, qui joue du violon et dialogue avec Polichinelle. Mais la collaboration avec le Père Thomas, volage, souvent absent et qui boit trop volontiers est si difficile qu'ils se séparent. Pour combler le vide, Laurent sculpte une marionnette à l'image du Père Thomas.

C'est ainsi que naît Gnafron, personnage haut en couleurs qui prend la vie du bon côté et chante les vertus du vin qui rosit ses joues. Laurent Mourguet crée ensuite un personnage à son image, qu'il nomme Guignol, référence pense t'on le plus communément à la ville de Chignolo-Po, dont serait originaire un Italien de l'importante communauté vivant à Lyon. Ce qui est sûr, comme le souligne Gérard Truchet, c'est que Mourguet a su avec ce nom, allier plaisir des yeux et plaisir des oreilles, ce qui explique peut-être la longévité et le succès de ce théâtre. Guignol est gai, malicieux, railleur, instinctif, généreux, il aime faire la fête et déteste l'injustice ! Il exerce tous les métiers de son créateur. Chacun se reconnaît en lui et c'est ainsi qu'il devient peu à peu l'ambassadeur des Lyonnais. Le public devenant exigeant, le répertoire s'enrichit, d'autres personnages prennent vie comme le bailli, le gendarme ou le propriétaire. Laurent Mourguet part en tournée avec sa femme, ses deux enfants, Etienne et Rosé Pierrette et le mari de cette dernière, avant de se fixer dans la cave du Café du Caveau. A sa mort, en 1844, son fils et son gendre continuent son œuvre.

Les théâtres se multiplient, de nouvelles pièces sont écrites, notamment par un nouveau marionnettiste, Napoléon Vuillerme-Dunand, qui se moque ouvertement du gouvernement. Dès 1852, c'est le temps de la censure et il faut désormais un visa de la préfecture ! Mais paradoxalement, l'interdiction de changer les paroles d'une pièce visée a un effet positif pour l'avenir : les livrets existants sont dès lors conservés intacts. C'est aussi l'époque où sont éditées par Jean-Baptiste Onofrio, avocat général et président à la Chambre, les vingt pièces de théâtre du Guignol Lyonnais. Enfin, en 1865 paraît le premier numéro du journal de Guignol.

Le théâtre de la rue Port du Temple est repris en 1865 par Pierre Rousset qui s'installera plus tard quai Saint-Antoine, où il gardera l'esprit de Guignol et parodiera les grands opéras. C'est la famille Neichthauser qui fera vivre ce lieu jusqu'en 1966, date de l'expropriation. Ce théâtre sera relogé dans le sous-sol du conservatoire, où il est actuellement animé par la Compagnie des Zonzons.

Aujourd'hui Guignol se porte bien. A Lyon, de nombreuses troupes existent et on le rencontre aux quatre coins de la France. Il est devenu l'image de Lyon et terme générique pour une marionnette, il est utilisé dans la publicité, à la télévision, il occupe une bonne place au musée international de la marionnette et a même son propre musée à Brindas !

Merci à Gérard Truchet et aux Amis de Lyon et de Guignol d'œuvrer sans relâche à la défense de ce patrimoine contre ses détracteurs pour que longtemps vive Guignol !

Christine Bonjour

 


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