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Conférencier : Jean-Paul Bonnet Compte-rendu extrait du Bulletin n° 241 de juillet 2007 |
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En ce samedi 14 avril 2007 la Société des Amis de Lyon et de Guignol reçoit Jean-Paul Bonnet qui vient nous parler de la vie de Louis Pradel avant qu'il ne soit élu maire de Lyon.
Louis Pradel est né le 5 décembre 1906 au 102 cours Lafayette dans une maison qui n'existe plus, ayant été démolie dans le cadre de la rénovation du quartier Moncey. Ses parents tiennent là le café du Commerce, ce qui leur vaut des horaires de travail d'une grande amplitude. Aussi, il est très vite confié à ses grands-parents maternels au Bois d'Oingt où son grand-père est menuisier. Il y fréquente l'école maternelle puis l'école primaire, avant d'aller à Tarare, à l'école primaire supérieure et professionnelle. Il passe trois années d'internat au collège technique où il obtient un CAP de mécanique industrielle. C'est à cette époque que, très sociable, il se fait de nombreux amis qui lui resteront fidèles. Enfant unique, il a déclaré ne pas en souffrir car ses amis lui suffisaient.
En 1923 il entre chez Berliet comme stagiaire. Il travaille à la chaîne, au tour, au décolletage, passant par tous les ateliers avant d'entrer dans les bureaux pour y faire du dessin industriel, sa passion.
Dès 1924, il adhère aux jeunesses radicales socialistes, il a alors 18 ans. Ce n'est pas une idéologie qui l'a séduit mais la personne d'Edouard Herriot qu'il admire sans bornes. Il participe à sa campagne électorale dès 1924 où le cartel des Gauches a vaincu à Lyon, avant d'être éliminé en 1928 et de triompher à nouveau en 1932.
Après deux ans passés chez Berliet, il part au régiment ;
incorporé au 39ème Régiment d'artillerie à Coblence, il en revient maréchal des
logis chef. C'est alors qu'il entre à la succursale Peugeot de Lyon comme agent
commercial. Il a un bon contact avec la clientèle et y reste jusqu'à la
déclaration de guerre.
En 1937 il épouse en secondes noces Lucienne Bouvard, fille d'un riche
industriel lyonnais qui va lui donner trois enfants. Cela lui permet de devenir
fondé de pouvoir de son beau-père.
En septembre 1939 il est mobilisé et incorporé au 294ème
Régiment d'artillerie à Draguignan. Il participe notamment à la bataille de la
Somme, d'où il en réchappe sans aucune blessure.
L'armistice signé il rentre à Lyon et s'engage dans la Résistance où il a une
participation très active. C'est à ce moment qu'il rencontre Jean Fousseret,
Lucien Dégoutte et Georges Dunoir, avec qui il va fonder en 1941 un journal
clandestin, le Coq Enchaîné.
Il est un soutien proche d'Edouard Herriot qui a été destitué et assigné à
résidence chez lui à Hières-sur-Amby près de Crémieu, avant d'être emmené à
Nancy, puis en Allemagne tout près de Berlin.
Le 3 septembre 1944, jour de la libération de Lyon, Louis Pradel est nommé conseiller municipal par Yves Farges, commissaire de la République. Justin Godart est alors nommé maire provisoire en l'absence d'Edouard Herriot, à qui il rendra son écharpe dès son retour en mai 1945. Louis Pradel devient alors son adjoint ; Herriot se repose sur lui : il lui confie les finances, les Beaux-Arts et les sports. Cependant, les indemnités de ses mandats ne lui suffisant pas pour vivre, il garde une activité privée d'expertises en automobile.
Edouard Herriot s'éteint le 26 mars 1957, il faut donc élire un nouveau maire. Le dimanche matin 14 avril, le Conseil municipal se réunit. Cinq ou six candidats de tous bords se présentent (Louis Pradel n'en fait pas partie). Deux tours de scrutin ne donnent rien, aussi ses amis radicaux, qui avaient présenté sans succès M. Pinton lui demandent de prendre la suite de la candidature, ce dernier ayant échoué. Au troisième tour, une majorité relative étant suffisante, Louis Pradel se retrouve élu maire de Lyon, contre toute attente, avec 27 suffrages.
Il occupera ce fauteuil de premier magistrat de la ville pendant près de vingt ans.
Guy Valarcher