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Conférencière : Colette Tempere Compte-rendu extrait du Bulletin n° 235 de juin 2005 |
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Pour la dernière conférence de l'année, Pauline Jaricot est à l'honneur. Son nom a été récemment évoqué dans la presse lors de l'inauguration de la maison rénovée de Pauline Jaricot (la maison de Lorette), fondatrice de l'œuvre de la Propagation de la foi, située au 42 montée Saint-Barthélémy.
Avant cet évènement et la conférence de ce tantôt, son nom m'était inconnu. J'avais pourtant vu son nom et son image sur le mur des Lyonnais, mais je ne m'imaginais pas le destin hors du commun, qu'avait connu cette lyonnaise.
C'est une chenuse fenotte : Colette Tempere qui nous conduit sur les traces de cette pionnière, contemporaine de Laurent Mourguet (elle a 9 ans en 1808). Elle va nous brosser au travers de trois centres d'intérêts, la vie extraordinaire de cette fille d'un riche commerçant lyonnais qui vécut à une époque orageuse. Elle fonda la Propagation de la Foi puis le Rosaire Vivant, avant d'essayer de concrétiser son rêve de bonheur pour les ouvriers en achetant les hauts-fourneaux de Rustrel, près d'Apt qui la ruineront.
Antoine, originaire de Soucieu-en-Jarest a 27 ans lorsqu'il épouse Jeanne Latier. Pauline nait à Lyon le 22 juillet 1799 rue Tupin, septième de cette famille aisée. Elle connaîtra une enfance heureuse et choyée.
Elle est jolie, coquette, a une voix admirable même si elle souffre d'un « handicap » : la myopie. Les jours s'égrènent dans l'aisance, et elle participe volontiers à de nombreuses réceptions bourgeoises. Elle sera la fille d'honneur de la Duchesse d'Angoulême en visite à Lyon en 1812.
Après une grave maladie et la mort de sa mère, tout change le dimanche de Carême 1816. Pauline n'a pas encore 17 ans, à la suite d'un sermon de l'abbé Wurtz en l'église Saint-Nizier sur les illusions de la vanité, elle décide de tourner radicalement la page de son passé. Elle fait vœu de chasteté et décide d'aider les autres. Elle est sensibilisée à la cause des missions par son frère qui est séminariste à Saint-Sulpice et se prépare à partir en mission en Chine. Elle fonde le 3 mai 1822, l'association de la Propagation de la Foi (par laquelle l'Eglise catholique aide aujourd'hui au financement de 1 200 Eglises issues de la mission dans le monde). Par le versement hebdomadaire d'un sou et la récitation quotidienne d'une prière, elle mobilise la piété des ouvrières.
En 1826, elle s'investit à nouveau et fonde le Rosaire Vivant. Il se développe partout, y compris à l'étranger. En 1832, un bref de Grégoire XVI lui apporte l'approbation du souverain Pontife. A peu près tous les évêques de France, recommandent le Rosaire Vivant comme essentiel pour le diocèse.
En 1832, Pauline achète, sur la colline de Lorette, une grande maison pour abriter l'association du Rosaire Vivant. Elle groupe à Lorette quelques compagnes filles de Marie pour répondre aux obligations de la nouvelle association.
Pour comprendre son engagement, il faut se rappeler les évènements de 1830 à 1834 qui ont conduit à la révolte des canuts. Elle est écœurée par la condition des ouvriers et souhaite l'instauration d'un socialisme chrétien. Elle rêve d'une grande cité ouvrière où les travailleurs seraient justement rémunérés et auraient des horaires convenables.
En 1845, lorsqu'elle achète les hauts-fourneaux de Rustrel, elle pense qu'elle va concrétiser son rêve, mais c'est sans se méfier de la malhonnêteté de son conseiller Allioud et le maître des forges Gustave Perre. Elle engage beaucoup d'argent et des petits épargnants qui lui font confiance souscrivent au projet. Il est trop tard lorsqu'elle se rend compte de la situation et elle ne peut maintenir l'usine en activité. Elle est traînée devant les tribunaux et voit tous ses biens saisis et vendus. Jusqu'à la fin de sa vie, elle essayera de rembourser les dettes dont elle se sent responsable.
Elle a l'idée de créer sur sa propriété de Lorette, un chemin à péage pour monter à la terrasse de Fourvière. Le 8 décembre 1852, c'est l'inauguration. Mais cela ne sera pas suffisant pour atteindre son objectif et elle meurt le 9 janvier 1862 dans l'indigence et l'abandon. Elle sera enterrée au cimetière de Loyasse.
Le 18 juin 1930, Pie XI signe le décret officiel d'introduction de la cause de Pauline Jaricot en béatification. L'exhumation du corps a lieu le 13 février 1935 et les restes sont déposés dans l'église Saint-Nizier. Le 25 février 1963, Jean XXIII proclama Pauline « vénérable ». La béatification et la canonisation sont attendues.
Femme de feu et de passion, de tête et d'organisation, de cœur ; au service de sa ville, au service de la mission par la propagation de la foi, au service du monde par le Rosaire Vivant, attentive aux problèmes ouvriers, telle fut Pauline Marie Jaricot.
Cette conférence nous aura permis de découvrir ou de compléter nos connaissances. Le parallèle fait avec le monde économique, social et ecclésiastique était très intéressant.
Jeris Castelbou