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La très véridique histoire de
l'Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées
Conférence du 7 février 2004

 

Louis David
Gérard Truchet et Louis David.

Conférencier : Louis David

Compte-rendu extrait du Bulletin n° 232 de juin 2004

 

 

Pour cette deuxième conférence de l'année 2004, la Société des Amis de Lyon et de Guignol s'était mis en dimanche pour accueillir le « Grand » Chanceyer de l'Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées.

Avant que notre académicien ne monte sur le tabagnon pour bajafler son patrigot sur cette académie séculaire, ce sont Guignol et Gnafron manipulés par le Parsident et Guy Michel qui ont débuté ce tantôt par un impromptu en présentant notre illustre orateur.
C'est l'occasion de rappeler les liens originels entre les Amis de Guignol et l'Académie. Louis David va les développer dans sa conférence.

 

C'est avec intérêt que l'assemblée écoute l'histoire de cette Académie. Les ceuces qui, comme moi, ne la connaissaient que par des conférences passées où certains de ses membres étaient présentés, ont pu découvrir ce qu'elle est et comment elle est née et à survécu au temps.

 

Tout a commencé un jour de la Saint Jean de l'an 1879. Et c'est le 24 Juin que l'Académie du Gourguillon est née à l'initiative de Nizier du Puitspelu (Clair Tisseur) qui devient le président, le vice-président, le secrétaire, le trésorier, les membres et le public.

A partir de là, il fait figurer au-dessous de sa signature la qualité de membre de l'Académie du Gourguillon. Cela lui apporte plus d'autorité et de considération à la fois au niveau professionnel que privé.

 

Il faut attendre deux ans avant que deux autres membres soient nommés par Nizier du Puitspelu. Il s'agit de Petrus Violette, sieur des Guénardes (Louis Bon Morel de Voleine, journaliste et écrivain) qui est nommé Président et de Gérôme Coquard (Adrien Storck, imprimeur-éditeur). L'activité de l'Académie va s'accélérer et de nouveaux membres vont être nommés.

On peut dire que c'est en 1885 que l'Académie prend ses lettres de noblesse avec la première séance officielle le 20 avril et la rédaction de ses statuts (ils regroupent 12 articles) qui sont publiés en 1886 chez Storck. Son principal fondement est de préserver « toute vieille bonne tradition lyonnaise ».

Ainsi, toute personne qui respecte ce fondement peut en faire partie, mais il faut le consentement unanime des membres.
Les académiciens se choisissent un sobriquet souvent très imagé et en général en rapport avec sa profession de « ville » ou sa vie privée.

Ainsi, pour n'en nommer que quelques uns, il y a Benoît Cachemaille pour Jean Dumond qui est Directeur de la Caisse d'Epargne (la cachemaille est bien entendu la tirelire en bon Yonnais) ; Athanase du Roquet pour Eugène André qui est fabricant veloutier (le roquet étant une grosse bobine qui reçoit le fil de soie pour faire les canettes) ou Pater Familiasse pour Edouard Aynard qui est banquier, député, …, créateur du Musée des Tissus (c'est parce qu'il est un admirable père de famille nombreuse qu'il prendra ce nom).

Les académiciens se doivent de respecter une grande règle qui est de se réunir « pour la réfection de dessous le nez ».

Dans les statuts, on peut lire que l'Académie est qualifiée d'alme et inclyte.

Inclyte vient d'un mot latin qui signifie célèbre.
Quant à alme, on peut imaginer deux origines, l'une issue d'un mot latin qui signifie nourricier, l'autre issue d'un mot arabe qui signifie savante.

 

Il y aura 13 académiciens durant les 40 ans d'existence du Gourguillon. En 1919, il n'en reste plus qu'un. Il s'agit de Joanny Bachut (Jean Odile Gros, médecin). C'est lui qui va assurer la continuité et la légitimité dans la nouvelle Académie qui va être créée le 21 novembre 1920 à l'initiative de Catherin Bugnard (Justin Godart, avocat, maire provisoire de Lyon en 1944, député, sénateur, ministre, …). Elle porte le nom de Académie des Pierres Plantées.
Les pères de cette nouvelle Académie qui se veut la « fille respectueuse, quoique non reconnue, de défunte l'Académie du Gourguillon » sont au nombre de cinq : Catherin Bugnard, Joanny Bachut, Tony Bonrencontre (Antoine Sallès, avocat, écrivain, député, conseiller général), Pétrus Batillon (Pétrus Sambardier, journaliste, écrivain) et Glaudius Mathevet (Emile Leroudier, dessinateur, conseiller, écrivain).
Ils marquent le lien fort qu'il pouvait y avoir avec la Société des Amis de Guignol, puisque les membres fondateurs sont des Amis de Guignol.
Les statuts de l'inclyte Académie des Pierres Plantées sont d'ailleurs publiés dans le premier Almanach des Amis de Guignol en 1922 et ils côtoient ceux de la Société.

Là encore, les académiciens prennent des noms évocateurs. Pour n'en citer que quelques uns qui sont issus de corporations très différentes comme la médecine, les arts, les lettres, il y a :

Polycarpe Larogne pour Jean Rousset qui est dermatologue ; Pothin Croquenote pour Ennemond Trillat qui est musicien, compositeur et Directeur du Conservatoire ; Polypte Dupinceau pour Pierre Combet-Descombes qui est peintre ou Glaudius Canard pour Jules Coste-Labaume qui est journaliste.

Ils seront 28 entre 1920 et 1952 à défendre les traditions lyonnaises et à entretenir le dessous de nez. Certains d'entre eux, écriront de nombreux textes dans les Almanach des Amis de Guignol.

 

C'est au cours d'un dîner le 24 février 1952 que les académiciens réunis évoquent la relève du titre du Gourguillon. Cette idée est acceptée et l'Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées naît ainsi.
Et c'est toujours avec cette appellation que l'académie aujourd'hui existe. On la nomme aussi Académie d'en Haut par opposition à l'Académie d'en Bas*. Cette dénomination évoque les collines de Lugdunum et donc de Lyon. Certains académiciens ont appartenu aux deux institutions. Elle continue dans ses principes de vie et de défense de la tradition lyonnaise.

 

En 125 ans d'existence, l'Académie a dénombré 66 académiciens et a connu des périodes d'intense activité et de léthargie, mais a réussi à exister jusqu'à nos jours ce qui est signe d'une immortalité.

Les ouvrages les plus célèbres qui ont été publiés sous son sceau sont le Littré de la Grand'Côte (en 1894, 1903 et 1926) et La plaisante sagesse lyonnaise.
L'un des derniers ouvrages paru est Le Littré du Gourguillon, où on peut se reporter pour compléter, vérifier et améliorer (si besoin) notre parler lyonnais.

 

Souhaitons lui donc longue vie et merci encore à son Chancelier actuel Chaon Grattepierre de nous avoir ainsi fait découvrir cette institution qui descend de Nizier de Puitspelu. En effet, pour le commun des mortels, elle restait une académie fermée regroupant des notables lyonnais et avait une activité qui restait inconnue.

Grâce à cette conférence, nous avons enfin pu découvrir du dedans son histoire et ses activités et en particulier ses réfections de dessous le nez que ses membres ne manquent pas de réaliser.
Pour compléter ce résumé, vous pouvez vous procurer le livre de l'Histoire de l'alme et inclyte Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées, paru aux Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire écrite comme de bien s'accorde par Chaon Grattepierre.

Jeris Castelbou

* L'Académie d'en Bas qui est l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon est ainsi dénommée du fait de sa localisation dans le bas de la ville.

 


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