|
|
Le bulletin de GuignolLe Progrès (quotidien lyonnais) du 27 janvier 2008 |
« Ils
trempent de chaud » sur les bancs de l'institut Pierre Gardette, rue des
remparts d'Ainay.
Deux heures par mois, le nouveau local des cours de parler lyonnais accueille
tout « un cuchon » d'élèves pour des séances de « bavassage ».
Effectivement, lors de ces rencontres lyonnaises, « gones » et « fenottes »
s'expriment et s'écoutent.
L'excentrique professeur Gérard Truchet, également président de la Société des
amis de Lyon et de Guignol, interroge à tour de bras, fait répéter, insiste sur
l'accent.
« De toute façon, il n'y a que très peu d'écrits en parler 'lyonnais. »
Evidemment, c'est sans compter le « Litré de la grande côte » de Nizier de
Puitspelu (1894), véritable bible des étudiants à en croire le nombre
d'exemplaires ouverts sur les tables. A ses côtés sur l'estrade professorale, la
linguiste Anne-Marie Vurpas joue quand même les garants théoriques et
historiques de ce dérivé de franco-provençal, utilisé par les Canuts au XIXe
siècle.
Garde-fou de l'accent
Même le théâtre de Guignol ne serait plus le vecteur de la prononciation à
la lyonnaise. Jeris Castelbou, un assidu des cours, considère que le
croix-roussien Daniel Streble du théâtre de La Ficelle est le dernier
marionnettiste parlant un lyonnais authentique.
Reste évidemment quelques rares figures du quai Saint-Antoine ou du marché de la
Croix-Rousse pour faire perdurer le parler typique.
Ainsi, c'est la sonorité musicale et chantante des mots que les élèves viennent
d'abord chercher dans ce cours. Les plus anciens ont d'ailleurs été plus ou
moins bercés par le patois des Monts du Lyonnais étant enfant.
Métropole européenne oblige, à Lyon, « on sait moins y parler avec l'accent ».
Un dernier bastion
solide
Les cours de parler lyonnais
ont sans doute encore de
beaux jours devant eux.
Après dix ans d'existence,
l'effectif atteint quatre-vingts
personnes aujourd'hui dont
la moitié est renouvelée tous
les ans.
« Je fais les mêmes cours
chaque année, admet Gérard
Truchet, heureusement, de
temps en temps quelques
nouvelles expressions res-
surgissent des mémoires des
anciens. »
Les recrues ont cependant
des profils similaires, ce sont
des passionnés d'ethnologie
ou de linguistique ce qui fait
dire à Madame Garavel,
ancienne professeur de français de quatre-vingt-neuf
ans, « que le cours est un
monument aux morts des
mots lyonnais. »
Un monument appelé cependant à perdurer.
Marion Glousse
Cliquez
sur le journal pour consulter l'article. |
Copyright © 2001-2011 La Société des Amis de Lyon et Guignol