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A l'école des gones

L'association des amis de Lyon et de Guignol dispense des cours de « parler lyonnais » pour préserver le patrimoine local à travers la conservation de la culture et histoire lyonnaise

Le Progrès (quotidien lyonnais) du 19 novembre 2006

« T'as fini de tordre la gaugne ! » dirait une Lyonnaise pure souche à un gone qui fait la grimace devant sa soupe.

Ce serait une grand-mère, plutôt qu'une jeune maman, qui sermonnerait ainsi son petit-fils. Car parmi nos concitoyens, seules quelques personnes âgées parlent encore couramment la langue lyonnaise. C'est justement pour sauvegarder ce patrimoine local que l'association des amis de Lyon et de Guignol donnent des cours de parler lyonnais.

Samedi après-midi au palais de la Mutualité, Gérard Truchet, président de l'association et Anne-Marie Vurpas linguiste à la faculté catholique de Lyon, animaient une séance devant un parterre de quarante personnes environ.

Après s'être « pété la miaille » (s'être embrassé), les élèves sont prêts à enrichir leur vocabulaire. Bloc-notes à la main, ils attendent avec impatience que le cours démarre. Déjà un large sourire s'affiche sur leurs visages... Il faut dire que les leçons de Gérard Truchet ne manquent pas d'humour. C'est un minimum, lorsqu'on veut enseigner la langue des gones qui incarne l'esprit rieur des Lyonnais. Car contrairement à sa réputation, le Lyonnais n'est ni triste, ni froid : « C'est limage que nous avons. Mais lorsqu'on prend la peine de découvrir l'esprit lyonnais, on comprend que c'est une image fausse. Le parler lyonnais est la meilleure des démonstrations. Derrière chaque mot, chaque expression se cache un sourire, une plaisanterie. C'est tout l'esprit de Guignol ! » expliquait Gérard Truchet.

Le parler lyonnais est percutant à l'oral, car c'est l'accent qui est drôle. « Pourquoi, prononce-t-on feunotte (jeune fille), alors que ce mot s'écrit fenottes ? » lançait Gérard Truchet en interrogeant son auditoire.
Et de répondre : « C'est parce qu'en même temps qu'il s'arrête de marcher, lorsqu'il voit passer une charmante fenotte, le Lyonnais ralentit son élocution en disant : Regarde la belle feuuu...notte ! » expliquait-il pour introduire son explication sur l'intonation du parler lyonnais. « On traîne sur les voyelles, les a, les o, les e. Sans forcer. Et puis on traîne un peu sur l'avant-dernière syllabe. C'est beaucoup plus marrant comme ça ».

Anne-Marie Vurpas, auteur de plusieurs ouvrages sur les langues régionales, profitait de la bonne humeur ambiante pour rappeler que le parler lyonnais franco-provençal, « ce n'est pas de l'argot ou des mots pour s'amuser, mais une langue avec une histoire ancienne. Une langue aussi noble que le Français. Un patrimoine riche qui véhicule la culture, les racines et l'esprit d'une région » témoignait la spécialiste.
Et de conclure : « C'est une langue ancienne qui vient du latin et que les Canuts ont enrichie. Beaucoup de Lyonnais n'en ont pas conscience. Il serait bon que nous édiles le réalisent pour maintenir ce parler. Sinon, il pourrait bien disparaître à tout jamais ».

A Lyon, trois entités participent à l'entretien du parler lyonnais : la faculté catholique, l'académie du Gourguillon et des pierres plantées, ainsi que l'association des amis de Lyon et de Guignol qui dispense ses cours depuis 1997, à plus de 80 amateurs de la langue et de l'histoire locale. A tous les amoureux de la capitale des Gaules.

Nathalie Garrido

 

« L'identité lyonnaise me passionne »
JULIEN
Étudiant en histoire

Julien, étudiant en histoire, est Lyonnais d'origine. Il a découvert l'association des Amis de Lyon et de Guignol sur internet. Passionné par « l'identité lyonnaise », il suit les cours de parler lyonnais depuis un an et demi. « On utilise souvent des mots qui sont issus de cette langue sans même le savoir. Le parler des gones, c'est une bonne façpn de découvrir la culture et l'histoire locale » témoigne Julien.
Ses mots préférés : s'abouser (en français tomber), un terme particulièrement imagé... Et aussi le corgnolon (gosier) si souvent entendu dans la bouche de Gnafron.

 

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