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Savez-vous parler lyonnais ?

Lyon Capitale (hebdomadaire  lyonnais) du 6 au 12 novembre 2002

Savez-vous parler lyonnais ? Alors que la plupart d'entre nous pratique depuis plusieurs générations un "bon" français, parfois mâtiné d'argot des banlieues, de verlan et autres expressions familières, la question a quelque chose de gentiment suranné. Il est vrai que le parler lyonnais, réalisation locale du dialecte franco-provençal, est une langue en "voix" d'extinction. Déjà, en 1894, Nizier du Puitspelu, auteur de la "Bible" du parler lyonnais, constatait avec nostalgie que cette langue n'était plus parlée à Lyon, sauf par quelques vieux canuts ou dans la campagne environnante, ou encore par quelques cercles de passionnés, comme les Amis de Lyon et de Guignol. Plus d'un siècle plus tard, le constat est sans appel : "Lyon a, dans l'indifférence, laissé mourir son dialecte", et nous assisterions à "une dissipation de l'héritage linguistique que nous a légué la soixantaine de générations qui nous ont précédés", écrit le professeur d'anthropologie Jean-Baptiste Martin. Selon Anne-Marie Vurpas, auteur du Parler lyonnais, seul un tiers d'un petit millier de mots encore connus serait vraiment usité. Le parler lyonnais serait-il pour autant une langue morte ou une fantaisie d'érudits ? Sûrement pas. Car, le plus souvent, les Lyonnais eux-mêmes n'ont pas conscience d'utiliser quelques-uns de ces traits régionaux qui émaillent le français parlé à Lyon. Il y a évidemment les stars, comme "bouchon", "bugner", "grattons", "traboule", ou encore "gone", que l'on retrouve à toutes les sauces. Un magasin de la Guillotière, à choisi pour enseigne "top gones", tandis que les clubs de supporters de l'équipe de foot de l'Olympique Lyonnais se partagent en "bad gones" et "hexa@gones". Mais à côté de ces "goneries", une myriade de mots lyonnais, hérités de notre enfance, de nos lectures ou de nos conversations, émaille notre langage, comme le confient plusieurs personnalités lyonnaises. Il existe même quelques ambassadeurs de ce parler, comme Frédéric Dard qui émaillait d'expressions lyonnaises le français argotique de San Antonio, la presse locale, qui véhicule encore d'amusants régionalismes (Robert Luc dans Le Progrès), et surtout les théâtres de Guignol, qui célèbrent un parler lyonnais très expressif. Car ce parler local typique suscite une curiosité et un attachement très populaires, comme en atteste l'incroyable aventure éditoriale de sa bible, Le Littré de la Grand'Côte. Plus de 16.000 exemplaires réédités ces dernières années : "Pour faire un tel score, il n'y a pas que les bobos et les intellos qui l'achètent !", souligne l'heureux rééditeur Jean Honoré. Autre curiosité : depuis cinq ans, des cours de parler lyonnais, dispensés par le tandem Anne-Marie Vurpas et Gérard Truchet, obtiennent un franc succès, puisqu'une centaine de curieux les suivent tous les mois. Enfin, dernier signe de regain d'intérêt pour cette langue presque disparue : pour la première fois, l'université Lyon 2 va dispenser un enseignement de dialectologie, en proposant des cours d'occitan et de franco-provençal au niveau de la licence. Le parler lyonnais n'a peut-être pas dit son dernier mot, et il peut encore inspirer de nouvelles expressions à un français toujours en mouvement.

Dossier réalisé par

Anne-Caroline Jambaud

 

Tout sur la langue des gones

Les origines du parler lyonnais : le franco-provençal

Le franco-provençal est la langue gallo-romaine issue de la latinisation qui a rayonné à partir de Lugdunum. Toute la région de Lyon, des Monts du Forez à l'ouest à la Suisse romande et au Val d'Aoste à l'est, a connu une romanisation particulière, due à son statut de "capitale des Gaules" maintes fois visitée par les empereurs, et à sa position géographique de nœud de communication et de passage obligé vers l'Italie.

On pense que la latinisation de cette aire franco-povençale s'est faite par un latin assez pur, littéraire et poétique. "Lyon a aimé le beau langage", souligne Anne-Marie Vurpas, chercheur à l'Institut Pierre Gardette de Lyon. Le franco-provençal utilise ainsi un continuateur du latin féta, mot poétique utilisé chez Virgile et signifiant originellement "femelle qui a mis bas", alors que le mot français "brebis" vient de berbrix, déformation populaire de vervex, bélier.

Ce que l'on appelle le parler lyonnais, c'est donc la réalisation locale du dialecte franco-provençal.

Le seul élément fédérateur rhônalpin

Le domaine franco-provençal constitue une ellipse, dont les foyers sur Lyon et Genève, et inclut très précisément tous les départements de l'entité administrative "Région Rhône-Alpes", à l'exception peut-être du sud de l'Ardèche et de la Drôme, plus proches de l'occitan. "Cette langue constitue peut-être le seul trait commun à Rhône-Alpes qui épouse la même communauté linguistique", souligne Anne-Marie Vurpas.

La "Bible" : le Littré de la Grand'Côte

Publié en 1894, le Littré de la Grand'Côte, de Nizier du Puitspelu alias Clair Tisseur, figure en bonne place dans toutes les bibliothèques lyonnaises. Ce dictionnaire du "parler lyonnais", concentré drolatique et inspiré de l'esprit lyonnais, est un vrai phénomène d'édition. "Emerveillé par l'humour et la force de cet ouvrage qui, à travers le langage présente toute une région, j'ai cherché à le rééditer en arrivant à Lyon, en 1980", raconte l'éditeur et libraire Jean Honoré. En dix jours, les 2.000 exemplaires sont épuisés. "C'est le miracle lyonnais, une incroyable aventure ! Le téléphone n'arrêtait pas de sonner et la porte de la librairie, de s'ouvrir sur un public très populaire de concierges, d'épiciers, etc. Pour faire ce score, il ne faut pas que des bobos ou des intellos ! De toute façon, j'ai toujours dit : Lyon est le meilleur public de France pour sa ville", assure l'heureux éditeur. Plus de 16.000 exemplaires ont été réédités à ce jour et le succès ne s'est jamais démenti. "Ça va bien plus loin qu'un dictionnaire : c'est un livre à poser sur sa table de chevet ; on en lit quelques pages tous les soirs et on s'endort comme un bienheureux !", affirme Jean Honoré.

La Librairie des Terreaux de Jean Honoré se situe au 20, rue d'Algérie, Lyon 1er. 04 78 28 10 69.

L'accent lyonnais

Les traits les plus marquants de la prononciation sont le rapprochement du a avec le o (autrement dit, la vélarisation du a tonique : avocat prononcé avocât), le rapprochement du o ouvert avec le eu (bord prononcé comme beur), et la fermeture du eu ouvert (jeune prononcé comme jeûne).

Les régionalismes grammaticaux.

Les plus vivants sont sans doute l'emploi des adjectifs verbaux (trempe pour trempé, gonfle pour gonflé) et surtout, l'emploi de "y" comme pronom neutre complément d'objet direct ("j'y sais depuis que tu m'y as dit"). L'emploi de ce neutre est une survivance de notre patois, qui aurait trois genres : féminin, masculin, et neutre (hoc, ceci). Le passage au français a entraîné un manque (disparition du neutre), compensé par le "y". "Ce n'est donc pas un solécisme ou un barbarisme, ni quelque chose de honteux, mais une carence de notre langue", souligne Anne-Marie Vurpas.

Un français qui n'a pas réussi

Le dialecte franco-provençal repose, à égalité, sur une tradition aussi longue que celle du français, mais petit à petit, à cause des vicissitudes de l'histoire et de la politique, il a été devancé par le français, puis déprécié. Autre raison : le franco-provençal est de tradition orale et n'a pas accédé au rang de langue de culture, comme l'ont fait d'autres langues régionales (notamment l'occitan), et les productions littéraires sont restées limitées. "Il n'est pas étonnant que Pierre Gardette ait utilisé l'expression "grande méconnue" lorsqu'il a présenté la langue lyonnaise dans son discours de réception à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon en 1956", souligne l'anthropologue Jean-Baptiste Martin.

Un parler en voie d'extinction

Lyon a délaissé le franco-provençal au profit de la langue du roi dès la fin du Moyen-Âge, pour devenir alors un important centre de diffusion du français. Lyon a ensuite connu un important brassage de population, perdant un grand nombre des traits régionaux qui coloraient sa langue au cours des siècles passés. La situation est sensiblement différente dans les campagnes environnantes, et notamment dans les Monts du Lyonnais, la Bresse, et surtout entre Bourg et la Saône, où certains parlent encore une déclinaison lyonnaise du franco-provençal. La Grande guerre, l'école de la République, le mépris et le centralisme français, puis la fameuse mondialisation ont parachevé la disparition du patois lyonnais. Si l'on compare les relevés de Nizier du Puitspelu dans Le Littré de la Grand'Côte (1894) et les résultats des enquêtes pour préparer l'ouvrage Le parler lyonnais paru en 1993, on constate une déperdition de plus des deux tiers du vocabulaire au cours du XXe siècle. "En éliminant tous les mots disparus, j'arrive à peu près à mille mots", relève Anne-Marie Vurpas, qui assure qu'un tiers est demeuré vivace et confie en employer couramment cent cinquante.

Dans une génération, c'est fini

"Les enjeux sont les mêmes au fin fond de l'Amazonie et ici", assure l'assistant-chercheur à l'institut Pierre Gardette Michel Bert, reprenant une prédiction du linguiste Claude Hagège : "La Moitié des langues va disparaître dans le siècle". "Le franco-provençal en fera partie", estime l'assistant-chercheur. Sa collègue Anne-Marie Vurpas est plus catégorique encore : "Dans une génération, ce sera fini".

Les survivants

Les mots qui ont les meilleures chances de survie portent sur les particularités locales (traboules) et notamment les spécialités culinaires (bouchon, mâchon, pot, bugne, cervelle de canut, gratton, rosette, etc.) ou les termes affectifs souvent liés à des souvenirs d'enfance (gone, belin, fenotte, etc.). Les mots très précis qui n'ont pas trouvé d'équivalent en français ont également plus de chances de se maintenir, comme cigogner (secouer avec un mouvement de va-et-vient). Enfin, dernière catégorie de survivants : les termes qui servent de marqueurs d'identité, comme gone, mais ce critère fonctionne assez peu en Rhône-Alpes - contrairement à la Bretagne, par exemple, qui a une forte identité ethnique.

Les Lyonnais naturalisés Français

Un certain nombre de mots de notre région, Guignol en tête, ont perdu leur caractère régional en passant dans le français commun.

"C'est le cas aussi d'une série d'autres mots appartenant le plus souvent au registre familier : bafouiller, jacasser, ronchonner, décaniller, vadrouille, moutard, frangin, rapetasser, flapi, dégobiller...", relève Henriette Walter dans L'Aventure des mots français venus d'ailleurs. La célèbre linguiste observe également que "C'est sans doute chez les canuts que s'est d'abord diffusé le mot échantillon, né dans la région lyonnaise du verbe échandiller : vérifier les mesures des marchands".

Le parler de Guignol

Au XIXe siècle, les Canuts de la Croix-Rousse, sans doute en réaction à la bourgeoisie lyonnaise, ont développé un argot lyonnais illustré par la littérature de Guignol. C'est toujours une dérivation du franco-provençal, avec une exagération drôle et expressive de certains traits phonétiques et grammaticaux. La langue de Guignol se compose ainsi de nombreuses déformations et créations expressives (esprité pour plein d'esprit, explicationner pour donner des explications, lantibardanner pour traîner au lit...). Elle opère également des rapprochements cocasses avec des mots aux sonorités proches (voix de centaire pour voix de stentor, automaboule pour automobile, rhinoféroce pour rhinocéros, trait d'ognon pour trait d'union, etc.). Basée au musée Gadagne, l'Association des Amis de Lyon et de Guignol se démène pour défendre et illustrer le parler de Guignol. Présidée par Gérard Truchet, qui a "attrapé ces mots quand il était petit, à la Guillotière", l'association dispense depuis cinq ans à une soixantaine de curieux des cours mensuels de parler lyonnais, mettant en scène de façon très vivante ce langage imagé.

Association des Amis de Lyon et de Guignol, 04 78 51 60 83.

Témoignages

Nous avons adressé à différentes personnes un lexique de 150 mots du parler lyonnais, en leur demandant s'ils les connaissaient et vers lesquels allait leur préférence.

"Des tournures de mon enfance"

Nelly Gabriel, responsable du service culture de Lyon Figaro :

"Sur la liste que vous m'avez adressée, je connais plus de cent mots, certains avec des orthographes un peu différentes, chaque famille, par des déformations , s'appropriant le parler. ...

"J'utilise les classiques"

Patrick Bazin, directeur de la bibliothèque municipale de Lyon

"N'étant pas "de Lyon" j'utilise assez peu le vocabulaire que vous me proposez, si ce n'est les classiques bouchon, traboule, vogue, ficelle, allée... Deux verbes, peut-être ...

"Je pratique le parler yonnais avec ferveur"

Stéphane Cayrol, responsable du service culture de TLM

"Lyonnais depuis ma naissance et lecteur assidu des œuvres complètes de Nizier du Puitspelu, je pratique le parler yonnais avec ferveur. Pas vraiment au quotidien, bien sûr, mais plutôt dans un esprit de conservation d'un patrimoine ...

"Ma mère nous appelait ses belins"

Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière de Lyon

"Depuis que je fréquente davantage les "Parisiens", je m'aperçois à quel point nous avons à Lyon encore beaucoup d'expressions auxquelles les autres ne comprennent rien, là où nous parlons d'évidence.

Dans ce que vous mentionnez, il y a des choses ...

"Ces mots sont d'une grande drôlerie"

Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne

"A l'exception d'une dizaine, je connais et je comprends le sens des mots qui figurent dans la liste que vous m'avez transmise ; j'en emploie usuellement - mais pour certains, assez peu souvent - une trentaine. Les voici : faire un biberon, bocon, cafi, ...

150 mots pour parler lyonnais

a

abader (s') : s'enfuir, s'en aller, se disperser.
    "Aussitôt, toute la troupe s'abadait, joyeuse et bruyante" (Amis, 1927)

abat-jour (n. m.) : store à lamelles de bois.

abonder (v. tr.) : suffire, arriver à - s'emploie le plus souvent au négatif -
    "J'ai une faim que je n'abonde pas à me remplir l'estomac."
    "On se demande même si les gones chargés de l'épuration pourront z'abonder." (Cottivet, 1944)

abouser (s') (v. pr.) : s'écrouler, s'effondrer.
    - littéralement : s'écraser comme une bouse, une merde -
    "J'ai fait un flanc il s'est tout abousé."
    "Elle débaroule la tête la première et elle s'abouse à plat ventre."

agacin (n. m.) : cor au pied.
    "M. Collagne : Père Grolasson, vous savez ben que j'ai de z'agadns qui me désolent. Pourquoi-t-est-ce que vous m'avez fait des souliers si justes ? - M. Grolasson : Voyons voire ? - [...] M. Grolasson, au bout d'un moment :
Je n'y comprends rien, je les ai cependant faits sur la forme de M. le maire de la Croix-Rousse !"

âge (être d'un) : être âgé. - d'après le Littré de la Grand'Côte, un certain âge va de 45 à 60 ans -

agottiau (n. m.) : grand pied/se faire péter les agottiaux : nager.

allée (n. f.) : couloir d'immeuble. - alors que le français utilise ce mot en extérieur -

appondre (v. tr) : 1 - ajouter./ 2 - atteindre, appondre une corde : y ajouter un morceau. apponse : ajouture, rallonge.
    "Le nouveau fusil appond à sept cents mètres."

après (adv.) : en train de.
    "Qu'est-ce qu'il est après faire, le Jules ?"

arpion (n. m.) : griffe, orteil.
    "Se dresser sur ses arpions" : se lever et se mettre en mesure de combattre comme le coq.

aviser (v. tr.) : regarder.
    "Avise un peu, gone. T'as deux yeux, deux oreilles et qu'une bouche, pas vrai ?" (plaisante sagesse)

b

bambanner (se) (v. pr.) : flâner.
    "Bambanne-toi mais ne t'enrouille pas", dit un canut à sa navette, dans une jolie chanson d'Étienne Blanc (Littré)

barboton (n. m.) : ragoût de mouton avec des pommes de terre/pommes de terre à l'étuvée.

bardane (n. f.) : punaise des lits.
    "Les hôtels à bardanes" (Almanach, 1927)

barjaquer (v. intr.) : bavarder.
    "Ma bourgeoise barjaquait tout le temps en faisant ses canettes." (Littré)

barouler, débarouler (v. intr.) : rouler de haut en bas.
    "Les escayiés de bois étiont mouillés et pleins de bassouille ; elle glisse et baroule jusqu'au quatrième." (Calamitances)

bassouille, bassouiller (v. intr.) : boue la plus claire, patauger dans la boue.
    "Nous avons ensuite la gassouille, la gabouille, la patrouille ; lorsqu'on se mouille on se benouille ; quand on marche dans l'eau on gaffouille, et quand on la brasse on gadrouille." (Littré)

belin, beline (n. m.,n. f.) : agneau, au fig : chéri, expression de tendresse.
   
"Veux-tu une rôtie de crasse de beurre, mon petit belin ?" (Littré)

besson, bessonne (adj.) : jumeau, jumelle.
   
"Ces deux mollets coussinets/Ces deux migons bessonnets,/Qui s'esmouvent de la poitrine/De ma bergerette poupine" dit un vieux poète lyonnais.

biberon (faire un)/bec (faire un) : amener une boule contre le cochonnet.

bisangoin (de) (loc. adv.) : de travers.
    "Il a coupé tout de bisangoin."

bistanclaque (n. m.) : bruit du métier à tisser.

bobe (faire la) : bouder, faire une grimace en allongeant les deux lèvres pour marquer la mauvaise humeur.
   
"Tiens, t'as don pas amené ta bougeoise ? - Te sais ben, le fait toujours la bobe." (Littré)

bocon (n. m.)/emboconner (v. tr.) : poison, mauvaise odeur, maladie contagieuse/répandre une mauvais odeur.
   
"Rien qu'un seul œuf gâté emboconne toute l'omelette." (Almanach, 1928)

bouchon (n. m.) : bistrot, café-restaurant.
    "Un bouchon où l'on déguste un Juliénas à se taper le nombril contre les lustres."

bougeon (adj.) : remuant.
    "Quand mon ami Agnus Poupard de la rue te/rachat se mana, on lui demandait comment il avait passé la nuit : Je l'aurais bien passé, dit-il, mais ma femme est si tellement bougeonne que je n'ai rien pu dormir." (Littré)

bugnasse (n. f.) : grande fille bête.

bugne (n. f.) : variété de beignet confectionné pour Mardi-Gras découpé dans la pâte avec une roulette. Fig : benêt, maladroit.

c

cabèche, caboche, cabochon : tête.
    "Elle s'est mis dans le cabochon d'essayer.
" (Cottivet, 1941)

cacaboson (à) (loc.adv.) : en position accroupie.
    - caque-boson, littéralement : "merde-bouse"
    "Outre que la métaphore manque d'élégance, on voit que c'est un pléonasme. Mais le peuple aime le pléonasme, c'est une manière de frapper deux fois sur la tête du clou", observe le Littré

cacou (n. m.) : œuf.
    "Onomatopée du cri de la poule qui a fait son œuf", affirme le Littré
    "Des cacous à la coque".

cadole (n. f.) : cabane dans les champs, cabaret borgne.
    "Le gros fabricant qui s'était fait bâtir par le père Benoit un si beau château, disait avec notre modestie lyonnaise lorsqu'il recevait des compliments : Euh, euh, une cadolle !" (Littré)

cafi (adj.) : épais, rempli à l'excès.
    "Lorsque le pauvre Thierry voulut se marier, on lui présenta une demoiselle fort riche, mais, au grand désespoir de ses parents, il la refusa disant qu'il la trouvait trop cafi de brouillards." (Cottivet, 1942)

caisse (être en) : être en arrêt pour cause de maladie.
    Dans cette locution, caisse représente la caisse d'assurance maladie.

canant (adj.) : agréable, divertissant, sympathique.
    "Une canante journée",. "Bonjour, canante voisine !"

canilles (n. f. pl.) : jambes.
    "Quand on va pour tirer aux boules c'est une politesse exigée que de crier par préalable : Gare les canilles ceux qui en ont !" (Littré). Voir aussi décaniller : s'en aller.

canon (n. m.) : verre de vin de 11.5 cl (1/4 de pot).

canut, canuse (n. m., n. f.) : ouvrier, ouvrière en soie.
    "En bas, c'est la ville des soyeux, en haut, c'est la ville des canuts." (Henri Béraud, La Gerbe)

caquenano (adj.) : timide et benêt.
    "Quel grand caquenano de faire un mari de carême ! me disait la maman quinze jours après le mariage de son fil, - Et pourquoi de carême ? que je lui faisais - Vous aussi, si caquenano que ça / - Mais encore ? - Eh, parbleu, on sait assez qu'en carême, on ne touche pas à la viande !" (Littré)

caquer (v. intr.) : déféquer, chier.
    "On sait ce qu'elle mange, ce qu'elle boit, ce qu'elle caque." (Cottivet, 1949)

carcasser (v. intr.) : tousser sans fin (ce qui secoue la carcasse).
    "Tousser d'une façon qui ressemble au son de la cloche de Saint-Nizier", commente le Littré.

carotte/carotte rouge (n. f.) : betterave.

catolle (n. f.) : une bigotte qui se scandalise de tout.
    "Entre deux jeunes filles ; Eh ben, Parnon, as-te bien dansé à la vogue ? - Ah ben vouat'! ma tante qu'a pas voulu ! - Voyez-vous c'te vieille catolle !" (Littré)

caton (n. m.) : grumeau.
    "Brasser bien comme il faut pour ne pas faire de catons."

cayon (n. m.) : cochon.
    "Amis comme cayons."

cervelle de canut (n. f.) : fromage blanc battu et assaisonné avec des herbes hachées.

cha peu (à) (loc. adv.) : petit à petit/cha seau (à) : seau par seau/cha un (à) : un par un
    "En mettant des sous de côté, à cha-peu, si l'on a la chance de vivre longtemps, on a la consolation, après s'être gêné toute sa vie, de mourir en laissant une belle fortune." (Littré)

chaillotte (n. f.) : échalotte, mais aussi dent.
    "Hélas qu'il arrive vite le moment où les chaillottes se transforment en clous de girofle." (Littré)

chougner (v. intr.) : pleurer, gémir.
    "À un voisin qui pleure parce que sa femme était partie avec un autre : Qu'è que t'as don à chougner comme ça grand caquenano ! T'aurais ben plutôt dû la payer pour qu'a s'en alle !" (Littré)

cigogner (v. tr.) : secouer par un mouvement de va et vient.
    "Il se met à cigogner la porte."

consulte (n. f.) : consultation de médecin, ordonnance.

corgnole, corgnolon (n. m.) : gosier.
    "Le bon curé X... buvait un jour avec moi du vin de Côte-Rôtie. Pour boire dignement cela, disait-il, il faudrait avoir la corgnole longue comme d'ici Fourvière (NB que lorsqu'il le disait il était à 242 km et quart de Lyon)" (Littré)

cotivet (n. m.) : nuque
    "Accept'ce fichu violet/Pour cacher de ton cotivet/Les mordures de puces !" (chanson canuse)

courate (avoir la)/courater (v. intr.) : courir sans cesse d'un côté et d'autre, se prend quelque fois dans le sens de courir le sexe.
    "Les jeunes ça ne pense qu'à lever la piotte et à couratter." (Almanach, 1926)

Au travers de ces mots, vous découvrirez leur signification et une expression pour les mettre en situation.

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