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A l'école des gones...

L'heure de la rentrée a sonné. Le gone reprend son cartable,

avec de bien curieux livres...

Le Progrès (quotidien lyonnais) du 1er septembre 2002

En ce début de siècle où, semble-t-il, apprendre à lire est une réelle difficulté, nous ne souhaitons pas accroître les difficultés des enseignants et de leurs élèves. Aussi, du bout de la plume, en effleurant le sujet, évoquons « la langue de chez nous ». Une expression qu'employait le savant Monseigneur Joseph Lavarenne dans l'un de ses classiques (« Nous autres les gones »). Il se posait, comme d'autres, gravement la question : le lyonnais appartient-il à la langue d'oïl ou à la langue d'oc ? La réponse est limpide : ni l'un, ni l'autre. Nizier de Puispelu, autre linguiste de haut niveau, précise que « Lyon appartenait à un groupe mitoyen, qu'on a nommé franco-provençal et qui comprend le Lyonnais, le Dauphiné, sauf l'extrémité méridionale, la Bresse, la Savoie, le Bugey, quelques cantons de la Suisse et même deux vallées du Piémont ». Mgr Lavarenne ajoutait : « Et voilà qui justifie la réflexion d'un humoriste, qui était pourtant Parisien : « Quand on vous dit : de deux choses l'une, faites bien attention, c'est qu'il y en a une troisième ».

Pour simplifier les choses, prenons les noms lyonnais pour exemple. « Quand on cherche d'où vient le nom de Lyon, ou de Lugdunum, les érudits nous apportent cinq ou six explications entre lesquelles les honnêtes gens ont bien de la peine à faire un choix ». Quant au nom de Guignol ou au mot « gone », les séances de l'Académie (« française », pas celle du « Gourguillon » ou des « Pierres Plantées »), n'y suffiraient pas...

Lourd « dico »...

Le premier, que notre élève de la rentrée 2002 aura peut-être quelques difficultés à se procurer, n'avait cependant pas été publié, en 1792, pour conserver, mais pour condamner. Son titre était tout un programme : « Lyonnoisismes ou recueil d'expressions et de phrases vicieuses utilisées à Lyon, employées même quelquefois par nos meilleurs écrivains, auxquelles on a joint celles que la raison a consacrées ». Son auteur Etienne Molard, était instituteur rue Maçon, au numéro 54. Le succès de cet ouvrage ne se démentira pas jusqu'en 1813, date de la cinquième et dernière édition : « Corrigée et augmentée de plus de 400 mots nouveaux » sous le titre « Dictionnaire du mauvais langage »... (1)

Pour approfondir, consultons aussi le « Dictionnaire étymologique du patois lyonnais » (1887) et le fameux « Littré de la Grand'Côte » (1894), réédité depuis, de Clair Tisseur, alias Nizier de Puispelu ; le « Glossaire des Gones de Lyon » publié en 1907 par l'abbé Adolphe Vachet ; ou le livre de Madeleine Miège édité à Lyon trente ans plus tard sur « Le Français dialectique à Lyon... ». Mais si votre cartable devient lourd, écourtez... et allez donc consulter le gone Gérard Truchet et la société des amis de Lyon et de Guignol qui vont reprendre, dès l'automne, leur cours de parler lyonnais...

Gérard Chauvy

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(1) « Le langage populaire lyonnais », René Giri, « Le Progrès », juillet 1992.

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